20.02.2018 – C’est par un grand soleil que nous partons le matin rejoindre en bus l’aéroport de Tromsø. Nous nous y délestons d’une valise pour ne partir qu’avec le nécessaire et embarquons pour un vol en direction … du nord ! On ne peut plus au nord cette fois ci, l’aéroport de Longyearbyen étant le plus septentrional du monde.

Située sur l’île du Spitzberg, dans l’archipel du Svalbard, comptant plus d’ours que d’habitants, cette petite ville minière compte un peu plus de 2 000 âmes. C’est, avec Barentsburg (une petite communauté russe de 400 personnes située 55 km à l’ouest de Longyearbyen), le seul endroit peuplé  de l’île, à l’exception des quelques scientifiques réunis dans les diverses stations environnantes. 

Ce qui représente une toute petite portion du territoire, quand on considère que le Svalbard s’étend sur une superficie de plus de 60 000 km², immensité dont on se rend bien compte en arrivant par avion, accostant vers cette toute petite tâche de civilisation perdue dans les montagnes et la neige.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’archipel ne fait pas partie de la Norvège, à laquelle il est seulement rattaché. C’est l’autorité du Gouverneur qui administre le territoire, qui est une entité indépendante. Depuis le traité du Spitzberg en 1920, les citoyens de divers pays ont le droit d’exploiter les ressources naturelles « sur un pied d’égalité absolu ». En conséquence quiconque souhaiterait s’y installer, et ce à condition d’être en bonne santé et de pouvoir pourvoir a ses besoins, en a le droit. Il devra seulement se faire aux règles originales qui régissent ce lieu, selon lesquelles par exemple on est prié de ne pas décéder sur l’île, ou de ne pas posséder de chat (on ne pourra donc pas s’y installer à long terme ^^). 

Mais nous ne serons que de passage et premier constat à seulement 3 h et 958 km au nord de Tromsø … mais, où est passé le soleil ? Nous arrivons à 14 h dans un début de crépuscule, le soleil ne dépassant pas les hautes montagnes qui entourent l’Adventfjorden où se niche la ville. La nuit polaire est supposée être finie depuis presque une semaine, nous qui pensions avoir amené le soleil ! Ce ne sont en fait que les prémices de sa réapparition, plongeant le paysage dans une luminosité stupéfiante aussi longtemps que dure la journée, colorant comme aux levers et couchers du soleil les montagnes de rose, mais pendant des heures.

Dépaysement assuré donc, d’autant que la première chose qui nous accueille dans ce tout petit aéroport est un ours, veillant sur le tapis où on récupère les bagages …

Nous rejoignons la ville avec l’unique ligne de bus, qui roule l’une des routes formant l’impressionnant réseau de … 45 km de routes circulables de l’archipel =D

Nous descendons au Svalbard Hotell & Lodge récupérer notre chambre, non sans s’être déchaussés pour aller récupérer les clés, car la tradition exige que l’on ne rentre pas avec ses chaussures dans les bâtiments (exception faite des commerces heureusement, mais pas de l’office du tourisme comme on le découvrira !). La ville portant un héritage minier fortement ancré (cette activité n’étant d’ailleurs pas complètement abandonnée) et il est en effet d’usage de retirer ses chausses pour ne pas salir l’intérieur avec du noir de charbon, ou de la neige !

Ceci fait nous entreprenons de faire le tour de cette ville venteuse, principalement massée autour de son allée principale – piétonne – où on ne trouvera qu’un seul tout petit résineux en pot, fermement attaché à un poteau.

Fun fact, les commerces clament tous être les plus septentrionaux du monde (jusqu’à la pharmacie la plus septentrionale du monde !). Tous portent une enseigne demandant de laisser son arme dehors, certains même avec humour, car ici personne n’est autorisé à sortir de la ville sans porter une arme ou sans guide en étant muni, il est donc d’usage de se promener avec… 

Tous également font la part belle au roi de l’île, l’Ours blanc, un peu partout et sous toutes les formes, de la peau d’ours à 17 000 € (un mystère puisque toute dépouille d’ours est supposée appartenir au Gouverneur), à l’ours surplombant l’entrée du supermarché, en passant par une multitude de produits à son effigie.

Le supermarché local proposant de la bière brassée sur l’île (à 1 km de la ville), nous expérimentons l’achat d’alcool ici, pour lequel il faut montrer son billet de retour sur le continent ! Sans ça, ce serait le régime de rationnement imposé aux résidents qui prévaudrait. 

Parenthèse geek, nous trouvons au bout de la ville ce qui est probablement une partie du Svalbard Undersea Cable System, le câble transocéanique de 2 700 km qui assure les télécommunications de l’île (et oui, tout internet passe sous les mers, partout dans le monde !) ; un énorme câble qui sort de l’eau pour aller dans la ville, en tout cas ça y ressemble énormément et ce n’est pas courant d’en voir. Pour conclure la parenthèse d’ailleurs, la 3G passe parfaitement là bas – mieux qu’en France parfois ! Ce qui m’aura permis d’occuper l’arène Pokémon la plus septentrionale du monde dans Pokémon Go, si, si !

De retour de notre promenade nous nous arrêtons manger au Svalbar, un pub chaleureux (et abordable !) qui sert un burger à la viande d’élan et de renne juste monstrueusement bon. 

21.02.2018 – Aujourd’hui c’est virée motoneige ! Moyen de locomotion préféré des gens d’ici, c’est aussi le plus efficace pour se déplacer plus avant dans l‘Adventfjord, le fjord qui accueille la ville.

Nous rejoignons donc, après un copieux petit déjeuner, notre guide de Svalbard Snøscooterutleie AS, une allemande ayant également vécu en Belgique (donc francophone !) et autre, avant d’atterrir au ici au Pôle Nord (what a life !). Elle s’étonne qu’on s’étonne encore de l’ensoleillement qui diffère tant du continent, elle même n’ayant pas connu matinée plus lumineuse depuis près de six mois. 

Arrivés dans ses locaux, nous recevons brief et équipement (mention spéciale pour nos bottes Sorel, ça fait toujours plaisir quand un mec qui vit au Pôle Nord regarde tes chaussures et te dit avec un œil approbateur qu’il n’a pas besoin de t’en fournir parce que celles là sont nickel !). 

Petite interruption avant le départ pour remettre une couche supplémentaire de vêtements (car pour la première fois du voyage et avec le vent, j’ai froid !), et nous voilà embarqués sur la même motoneige pour une sortie de 2 h dans le fjord glacé, entourés par ces immenses montagnes rosées.

La glace craque quand on passe dessus ce qui n’a rien de rassurant et pourtant rien à craindre, c’est assez fun. Ben essaye de se laisser dépasser pour pouvoir prendre de la vitesse de temps en temps, mais plus on va vite plus on a froid. C’est congelés qu’on arrive à la colline qui marque la fin de notre avancée, surplombée par une cabane dont les fondations sont ajustées presque tous les ans pour continuer à tenir debout ; et oui, construire sur du permafrost, en constante évolution, ça comporte quelques contraintes ! 

Demi tour et fin de ballade donc,  non sans quelques arrêts pour identifier les différentes mines de charbon autour de la ville. Nous refaisons un tour à pieds, croisons quelques rennes au milieu des habitations et nous réfugions au Café Fruene, THE place to be. Il s’agit d’un petit café qui fait également chocolaterie, où tout est délicieux pour les yeux comme l’estomac ! 

La fin de journée est plus calme (et peut être marquée par un deuxième burger d’élan du Svalbar…), car notre prochain rendez-vous est fixé à 23 h !

C’est donc par un ressenti de – 23 °C que l’on se retrouve au bord de la route en pleine nuit, et notre carrosse est avancé ! Cette drôle de chose que l’on appelle snowcat est un camion sur chenilles qui offre une dizaine de places dans un compartiment (chauffé !), pour une expédition sur le fjord afin de chasser les aurores – le tout mené par une guide (armée, comme il se doit !) fort sympathique. 

Mais d’abord, première escale sous le célèbre panneau « Attention aux ours » à la sortie de la ville ! 

Nous ferons plusieurs arrêts sur la glace tous feux éteints, et c’est une indescriptible explosion d’étoiles ; difficile d’avoir une vue plus pure du ciel, et c’est exceptionnellement vers le sud que nous tournons les yeux pour chercher des aurores, car elles apparaissent en fait entre la Laponie et le Svalbard ! Et c’est effectivement par là que nous en observerons, au ras des montagnes, car celles-ci sont lointaines.

Nous faisons également une halte dans un petit refuge où notre guide nous parle autour d’un jus chaud et de gâteaux de son pays d’adoption. Elle nous y détaille le rapport très particulier avec les ours polaires de l’île, protégés plus que tout, ménagés quand il s’agit de les faire fuir (car un ours qui fuit peut courir a en mourir !).

C’est pendant un bivouac auquel elle participa pendant sa formation de guide que la photo phare de la communication du supermarché locale a été prise : pillé par un ours, son camp avait été évacué mais un retardataire a eu le temps de prendre une photo du coupable s’échappant de la tente cuisine, un sac du magasin à la bouche 😀

Nous y apprendrons aussi (entre autres) l’histoire de la première piste d’avion de l’île, créée illégalement avec des lanternes de mineurs pour permettre l’évacuation de l’un d’entre eux ; avant ça, le courrier était par exemple distribué par largage ! Nous parlerons aussi des divers observatoires scientifiques éparpillés sur l’archipel, et de la Réserve mondiale de semences du Svalbard, banque de graines inaccessible au public mais située à quelques kilomètres de Longyearbyen.

Et c’est les oreilles pleines de ces anecdotes que l’on retrouve notre lit, à 3 h du matin !

22.02.2018 – C’est l’heure d’une dernière promenade et d’un dernier petit tour chez Fruene ! Notre avion se fait désirer, nous laissant le temps de prendre quelques photos de ce super panneau à la sortie de l’aéroport, et quelques heures plus tard, nous revoilà sur le continent et sous le soleil !

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Brasserie de Longyearbyen – Svalbard Bryggeri
Svalbard Snøscooterutleie AS
Svalbar Pub
Fruene
Réserve mondiale de semences du Svalbard (vidéo)

 

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